1) L'évolution au cours de l'histoire

a) Un petit historique

Officiellement, le football tel qu'on le connaît aujourd'hui, celui dit « moderne », est né en 1863. Avant cette date, ses règles n'étaient pas encore bien précises. Il se confondait plus ou moins selon l'époque et la région avec le rugby. Mais son histoire est bien plus vieille encore… 

 

Les plus anciennes balles ont été retrouvées dans des tombeaux égyptiens. Balles de son recouvertes de peau, boules de bois, de cuir ou même de papyrus, elles datent du IIème millénaire avant Jésus-Christ. Il a été découvert aussi que certaines tribus mayas possédaient déjà des ballons remplis d'air.

  

- Dans la Chine des IIème et IIIème siècles avant J-C, un ouvrage rapporte l'existence de ballons de cuir plein de plumes et de cheveux.


- Dans l'Antiquité, les Romains utilisent différentes balles selon les jeux : tantôt assez grosses, bourrées de plumes et molles, tantôt petites et légères, des vessies gonflées d'air.


- Du Moyen-âge au XVIIIe siècle, riches et pauvres jouent à la soule avec une sphère qui a donné son nom à ce sport. Son poids peut aller jusqu'à quatre kilogrammes et son diamètre est de trente centimètres environ. Elle est confectionnée de matériaux divers et variés : vessie de porc, de mouton ou de bœuf gonflée d'air, simplement huilée ou chargée de crin, de son, de foin, de paille, ou de mousse comprimée.


- Vers 1860, l'entreprise Charles MacIntosh & Company met au point un ballon fait d'une vessie de caoutchouc recouverte de dix-huit panneaux de cuir. Cette enveloppe est fermée par un lacet. Une fois serré, le bout de celui-ci est rentré à l'intérieur pour éviter les blessures lors d'un coup de tête. Les premières règles du football ne font aucune allusion au ballon. Ses caractéristiques sont connues en 1889. Sa circonférence varie de 68 à 71 cm et son poids de 340 à 425 grammes. Les premiers ballons de foot sont relativement légers mais ils s'alourdissent considérablement en temps de pluie. Malgré cela, en 1937, leur poids est revu à la hausse, se situant alors entre 396 et 453 grammes.
Le lacet disparaît au milieu du siècle au profit de la couture. Malgré les nombreux soins apportés à la balle, cirée et graissée, afin qu'elle reste souple, les précipitations la rendent toujours aussi lourde et les footballeurs n’osent plus la frapper de la tête. 


- Dans les années 1960, le cuir naturel cède alors sa place au cuir plastifié ou aux matériaux synthétiques. Ainsi, le ballon reste léger quelles que soient les conditions météorologiques. Il est aussi plus solide et plus facile à entretenir.
Avec l'abandon du cuir naturel, c'est aussi la couleur du ballon de foot qui change, passant du marron au blanc, la plupart du temps. Toutefois, un premier ballon blanc est apparu bien avant. Selon la FIFA, il est né en 1923 à Sao Paulo, au Brésil. Ne pouvant pas jouer au football la journée, les salariés d’une entreprise s'affrontaient en soirée sous l'éclairage artificiel de leur usine. Comme le ballon, de couleur marron, était difficile à voir, l'un d'eux eut l'idée de le peindre en blanc.

b) Quelques exemples de ballons

Nous allons maintenant étudier quelques ballons qui ont animé les coupes du monde, et ainsi nous pourrons observer une réelle évolution au cours de l’histoire tant sur le plan géométrique, que sur le design de la balle.

 

Longtemps marron, et lourd pour les joueurs, le ballon n’était très étudié, jusqu’à la fin des années 60. C’est en 1968 qu’Adidas débute la production de ballons de matchs avec Santiago, le premier d’une série de modèles utilisés lors de compétitions internationales. Ce qui n’était autrefois qu’un vulgaire jouet devient alors une prouesse de haute technologie. Petit retour sur les ballons qui ont rythmé les différentes Coupe du Monde et d'Europe…

   

Telstar (1970 et 1974)
Le ballon sûrement le plus connu au monde! Premier ballon bicolore, blanc avec des pentagones noirs, utilisé en phase finale de Coupe du Monde, il est devenu le type même du ballon moderne. C’est en effet la première fois qu’un ballon est conçu pour répondre à des exigences télévisuelles. Blanc depuis 1951 pour être plus visible à l’écran, il devient bicolore pour répondre aux exigences de la retransmission en couleurs. Ce n’est pas son seul rapport à la télévision, puisque son nom est également lié à la télévision («L’étoile de la télé»), à l’époque où la couverture du football est en très grande progression. Conçu pour la Coupe du Monde mexicaine de 1970, il est également utilisé en Allemagne quatre années plus tard, avec une version nommée Telstar Durlast (photo ci-contre).

Tango (1978)

Le premier de la grande famille Tango. Ce deuxième ballon conçu par Adidas est déjà une révolution. C’est tout d’abord son dessin qui est nouveau : les «triades» donnent l’illusion que le ballon est composé de cercles. Signe de sa popularité, ce design durera une vingtaine d’années. Sa conception est également révolutionnaire. Composé de 32 panneaux, il n’a ni commencement ni fin. En effet, sa conception est telle qu’il est impossible de voir à quel endroit de l’enveloppe ont été réalisés les derniers points de couture. On le retrouve à l’Euro 80 ainsi qu’au Mundial 1982, avec un de ses descendants directs, le Tango España.

Tango Espana (1982)
Le Tango poursuit donc sa carrière en 1982 avec cette version améliorée, notamment du point de vue de la résistance à l’eau, grâce à un assemblage caoutchouté. Et oui, les ballons sont encore en cuir véritable! C’est d’ailleurs le dernier de cette espèce. Quelques problèmes de résistance surviendront durant la compétition espagnole, obligeant des ballons à être remplacés en cours de match, ce qui ne l’empêche pas de connaître une longue carrière, sous plusieurs formules. Le Tango Mundial est le modèle de pointe, le Tango Alicante est conçu pour jouer de nuit sous les projecteurs, le Tango Malaga est réservé aux terrains durs et le Tango Indoor au futsal. Son succès et ses performances sont tels qu’il sera également le ballon des Championnats d’Europe 80 (Tango Italia), 84 (Tango Mundial) et 88 (Tango Europa) et des Jeux Olympiques. Il est également le premier ballon décliné en plusieurs couleurs afin d’augmenter ses ventes auprès du public. On le trouvait ainsi en blanc, mais aussi en jaune ou en orange.

Azteca Mexico (1986)
L’ère du cuir est révolue avec l’Azteca, premier ballon entièrement synthétique. C’est donc un ballon d’un genre nouveau, mais dont la fabrication repose toujours sur des coutures faites à la main. Ce ballon est composé de plusieurs matériaux: les trois enveloppes internes de structures différentes sont recouvertes d’Adicron, un tout nouveau revêtement anti-usure conçu pour augmenter la résistance, l’imperméabilité, l’indéformabilité, et donc la longévité du ballon. Comme le Tango, l’Azteca est décliné en plusieurs modèles: l’Azteca Mexico, utilisé durant la Coupe du Monde 1986, mais aussi l’Azteca Acapulco et l’Azteca Puebla.

Etrusco Unico (1990)
Le football entre dans son ère moderne, avec tout ce que cela induit en matière de business. Désormais, chaque Coupe du Monde aura son propre ballon, et plus seulement une amélioration de la précédente, avec un nom identique. Toujours composé de 32 éléments, l’Etrusco est un produit high-tech constitué de matériaux synthétiques dernier cri: latex pour l’indéformabilité et la résistance, néoprène pour l’imperméabilité, polyuréthane pour le rebond et la résistance à l’usure. Preuve de sa qualité, la Suède utilise ce même modèle pour son Euro en 1992. Et ce sont ces mêmes matériaux que l’ont retrouve sur l’évolution suivante, le Questra.

Questra (1994)
Développé au centre d’études d’Adidas basé en France, le Questra reprend la base de son prédécesseur, tout en l’améliorant avec une structure composée de cinq matériaux différents, deux de plus que pour l’Etrusco. Pas vraiment de révolution donc, comparé à ce que d’autres ballons ont apporté ou apporteront lors de leur conception. Son nom est l’abréviation de "The quest for the stars", la devise choisie par Adidas pour ce Mondial américain.

Tricolore (1998)
Encore un ballon qui n’a pas vraiment marqué les esprits, sauf peut-être pour l’équipe de France. Il était pourtant novateur. Au niveau du design, même s’il garde le dessin du Tango, ce qu’il est le dernier à faire, il est le premier ballon à utiliser plus de deux couleurs, puisqu’on y trouve les trois couleurs de la France: bleu, blanc et rouge. Du coté technique, une nouvelle évolution fait son apparition: la mousse syntactique. Permettant une meilleure compression et une meilleure réaction, cette mousse rend ce ballon plus souple, plus rapide et plus précis que son prédécesseur américain. C’est aussi le début du calvaire pour les gardiens, avec l’entrée en jeu des trajectoires flottantes, mais ce n’est rien à coté de ce qui arrive 4 ans plus tard…

Fevernova (2002)
Il est celui que l’on présente comme le ballon ayant révolutionné le football, ne serait-ce que par son design inédit. Les évolutions, comme la présence de micro-billes de gaz dans la mousse syntactique, permettent un meilleur contrôle, grâce à l’amortissement et au retour d’énergie, et une précision jamais vue. Adidas promet alors une trajectoire de vol plus régulière et précise. Fait pour encourager le spectacle et augmenter le nombre de buts, comme son concurrent d’alors chez Nike, le Fevernova est la hantise des gardiens à cause de sa légèreté, de ses trajectoires flottantes et de sa prise en mains peu fiable. Le Roteiro, dérivé du Fevernova utilisé lors de l’Euro 2004 au Portugal cristallisera lui aussi les critiques des gardiens.

Teamgeist (2006)
«Esprit d’équipe» en allemand, Teamgeist présente un tout nouveau type de conception. Il ne compte en effet que 14 faces, ce qui le rend plus sphérique et plus lisse que les ballons en forme d’icosaèdre tronqué, d’où une meilleure précision de frappe. Revenu aux classiques couleurs noire et blanche, il reste tricolore par l’insertion d’un liseré doré aux coutures. Détail fin: chaque match de la phase finale a ses propres ballons, avec la date du match, le stade et les équipes imprimés sur les ballons. Les ballons de la finale, nommés Teamgeist Berlin, sont eux dorés.

L'Europass (2008)

 

L'Euro 2008 aura lui aussi son ballon l'Europass. Comme souvent, celui-ci est dérivé du ballon du Mondial précédant. Il reprend en effet les techniques de conception du Teamgeist, dont seule la texture de surface aurait été modifiée. Il en reprend également les couleurs blanche et noire, mais échange le noir contre le rouge traditionnel à la Suisse. Selon Adidas, qui reste donc l’équipementier unique des Euros et Mondiaux depuis 1970, "la texture d’Europass doit assurer une meilleure transmission de la force de frappe des joueurs et, grâce à une vitesse de rotation accrue, permettre de donner plus d’effet au ballon."

 

 

De quoi rendre la tâche des gardiens encore plus difficiles qu’elle ne l’était ...